Annet a pour origine un petit prieuré dépendant de l’abbaye de Cluny consacré à saint Germain d’Auxerre (à ne pas confondre avec saint Germain, évêque de Paris).

 L’église

Au temps des prieurs de Saint-Martin

A l’origine, formant la limite nord de l’espace, clos de murs, occupé par les bâtiments du prieuré (actuel emplacement de la mairie, du parking, de l’ancienne école…), il est à peu près certain qu’elle n’a pas changé de place depuis sa première installation et sa dédicace à saint Germain d’Auxerre, à une date indéterminée. Une chapelle particulière des religieux, dédiée à saint Martin, dotée d’un chapelain est créée « dans l’église d’Annet ». D’après les informations recueillies dans un acte du XVIIème siècle, elle était donnée comme « estant au costé droit du maistre austel de l’église paroissialle« .

Extrait d'un "plan" de la seigneurie d'Annet daté du XVIe s.

Extrait d’un « plan » de la seigneurie d’Annet daté du XVIe s.

L’église paroissiale appartenait aux Annetois qui devaient l’entretenir, par contre la chapelle Saint-Martin était la propriété du prieur et des religieux qui en avaient la charge. L’imbrication des deux, avec l’existence de parties communes donnait lieu à des contestations chaque fois que des réparations étaient à faire dans cette partie de l’édifice.

Les choses n’étaient pas simples pour différencier l’église paroissiale de la chapelle. « il n’y a aucune separation ny closture entre la partie qui leur (les habitants d’Annet) sert de parroisse de la nef de ladite chappelle de saint martin tant pour leurs bancs que sépultures […..] toutes lesquelles choses justifie suffisamment que la nef deppendante de la chappelle de saint martin et la nef de laditte paroisse ne font et ne compose qu’une seule et mesme nef de leglise »

 Des textes, assez nombreux, évoquant des travaux ont été retrouvés, on a l’impression que les réparations, plus ou moins importantes, sont quasiment permanentes.

En 1696, la chapelle et l’église paroissiale sont reconstruites. L’église a gardé l’aspect extérieur qu’elle prend alors jusqu’aux travaux qui furent entrepris au début du XXème siècle.

Quel était son aspect intérieur ? Un croquis établi presque un siècle après la reconstruction, en 1777, à l’occasion de travaux à exécuter dans le fief voisin nous en donne un plan très simplifié.

Plan de l'église de 1777

Plan de l’église de 1777

La disposition des lieux est très semblable à ce qu’elle est actuellement, ce qui est logique, aucune reconstruction complète n’étant intervenue depuis le XVIIIe s. On trouve la sacristie (1), le maître-autel (2), une chapelle, ex-Saint-Martin avec son autel (4) (la déformation est due à une pliure du papier), une autre chapelle (3), d’abord dédiée à saint Claude, puis à sainte Anne(12).

La chaire se situe contre le pilier du milieu (7). Lui faisant face, figure le banc d’oeuvre (8), réservé aux dirigeants de la fabrique. On remarque, dans le bas-côté nord, une chapelle supplémentaire (5) aujourd’hui disparue, c’est la chapelle de la Vierge de cette époque(13). Egalement, n’existe plus la « ruelle » (selon l’expression utilisée par les textes du XVIIIème siècle) qui longe le bas-côté nord (6) faisant communiquer l’église avec la cour du fief de Plailly pour permettre au seigneur de ce fief, qui en possède la clef, d’accéder à sa chapelle sans passer par l’entrée utilisée par les paroissiens, la petite porte du bas côté sud (11). Pour les cérémonies, il existe un grand portail ouvert sur la façade ouest (12) près du clocher (9), donnant sur la petite place. En (10) un petit local qui servait peut-être pour des assemblées.

Les remises en état et les embellissements après la Révolution

Pendant la Révolution, l’église a beaucoup souffert. La chapelle du « cydevant seigneur », avec ses « écussons », est détruite, le mobilier, les tableaux, les grilles métalliques, les objets en argent sont récupérés et vendus.

Eglise d'Annet en 1898

Eglise d’Annet en 1898

Différents travaux sont réalisés au cours du XIXème siècle mais c’est l’abbé Folignier, qui réalise les transformations les plus importantes. Nommé à la cure d’Annet en août 1889, il entreprend aussitôt les démarches pour réaliser des projets entièrement payés par les fonds qu’il collecte. Il envisage, d’agrandir la fenêtre qui existe dans le mur du chevet, pour y placer une verrière, après avoir reconstruit la sacristie pour en dégager l’emplacement. Au mois d’août 1889, les travaux commencent. Il fait ensuite fabriquer des meubles en chêne de Hongrie, toujours visibles dans la sacristie ; un nouvel autel, qualifié de « gothique », en pierre dure et les stalles (initialement installées de chaque côté du choeur, elles ont été déplacées dans les bas-côtés depuis les derniers travaux).

En 1900, une remise en état de la voûte de la nef est effectuée et le mur de la façade ouest est reconstruit.

Il semble que par la suite, le rythme des travaux se soit ralenti jusqu’à l’année 1993 qui voit la démolition totale et la reconstruction de la façade ouest et du clocher en raison de problèmes de stabilité du sous-sol et du sol.

Les cloches

Au cours du XVIIIème siècle elles sont remplacées. Le 25 novembre 1727, le curé déclare avoir béni « la petite des quatre cloches de cette église » nommée Jeanne Germaine.

Quand une cloche se brisait on procédait rapidement à sa refonte. C’est ce qui arrive en 1732 à la « moyenne grosse cloche » qui « estant cassée il est donc nécessaire et indispensable de la faire refondre »…

Durant la Révolution, en octobre 1793, sur un ordre signé du maire, Pierre Desgratoulet, trois des quatre cloches sont descendues. Comme dans toutes les églises une seule est laissée, la plus grosse. Les autres sont regroupées sur le port d’Annet avec toutes celles du canton pour être transportées, par bateau, vers une fonderie.

Cette cloche ne nous est pas parvenue. En 1823, à Pâques, peut-être pour avoir trop carillonné à son retour de Rome, elle se fend. La nouvelle cloche, qui est toujours dans le clocher aujourd’hui, est de dimensions moyennes, 1,14 m de diamètre maximum, 0,92 m de hauteur, pour un poids de 960 kg. Elle porte sur la panse quelques petits  motifs en relief (un Christ en croix, la Vierge, un saint évêque…) moulés dans la masse au moment de la fabrication, ainsi que deux lignes de dédicace placées au sommet.

Le chemin de croix et les statues

Chemin de croix (Photo J.C.)

Chemin de croix (Photo J.C.)

 

Le chemin de croix est changé en 1858. Aucun texte n’en donne une description. En décembre 1881, monseigneur de Briey, alors coadjuteur de l’évêque de Meaux, vient en bénir un nouveau offert, par « une personne qui veut à toute fin garder l’anonymat ». Ses stations sont décrites comme étant « de style Renaissance, mesurant 1 mètre 30 de hauteur et 0,70 m de largeur, avec personnages en relief de 0,42 à 0,44 de hauteur »(registre de la fabrique). Cette description correspond aux stations du chemin de croix actuel.

En 1884, des statues sont achetées, celles de saint Denis (aujourd’hui disparue), payée par la fabrique, sainte Barbe, offerte par monsieur Pigeron, sainte Adèle, sainte Marguerite. L’abbé Budan, curé d’Annet, est très satisfait de voir « une statue placée à tous les endroits disponibles« .

 

 

Les vitraux de verre peint

Grand vitrail

Grand vitrail

La grande verrière du chevet qui représente des scènes de la vie de saint Germain, patron de la paroisse, est posée à Pâques 1890. Elle est formée de quatre lancettes terminées en ogives, associées deux à deux illustrant quatre scènes de la vie de saint Germain. Dans la partie gauche, en bas, Germain est sacré évêque ; au-dessus, il rend la vue à une jeune aveugle. Dans la partie droite, en bas, il rencontre la future sainte Geneviève et lui remet « une plaque de cuivre sur laquelle est gravée une croix » (une médaille) ; au-dessus, sa mort à Ravenne en présence de Placidie la mère de l’empereur.

Le vitrail de la chapelle de saint Joseph représente ce dernier tenant le christ enfant sur son bras gauche et un lis blanc dans sa main droite. Les autres vitraux ne comportent pas de représentation de personnage, seulement des formes géométriques, des feuilles et des rinceaux stylisés. On ne possède aucune donnée sur l’époque de leur fabrication, leur aspect les fait dater du XIXème siècle.

La rosace du portail ouest est décorée des symboles des quatre évangélistes : l’aigle pour Jean, l’homme (ou l’ange ?) pour Matthieu, le lion pour Marc, le bœuf pour Luc.

Le maître-autel

Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1974.

L'autel-Photo N. Tabesse

L’autel-Photo N. Tabesse

 

En bas, on aperçoit entre quatre arcatures du sépulcre, le christ au tombeau et de chaque côté un ange, l’un tenant une couronne d’épine, l’autre une croix. Au-dessus de la table, formant retable, deux bas-reliefs représentant des scènes bibliques encadrent le tabernacle. A gauche la multiplication des pains, à droite Néhémie dirigeant la reconstruction des murs de Jérusalem. L’extrémité gauche est occupée par une statue de saint Germain; celle de droite par sainte Geneviève, toutes deux sous un dais de pierre Le tabernacle en métal doré tranche sur la blancheur de la pierre. Il est surmonté d’un pinacle formant clocheton qui donne à l’ensemble de l’autel un aspect élancé.

Les notes de la fabrique disent qu’il a été réalisé sur des dessins de l’abbé Folignier.

 

 

La cuve baptismale

Fonts baptismaux

Fonts baptismaux

 

 

Cette cuve est placée à gauche du grand portail en entrant dans l’église, elle est entourée d’une grille.

 

 

 

(Extrait du livre « Les églises de l’ancien doyenné de Claye » édité par la SHCE.)