Il y a, à Charmentray, un saint (Saint Symphorien) vénéré comme un saint patron, alors qu’il ne l’est pas et une église placée non sous la protection d’un saint, mais de la Trinité elle-même.

L’église extérieure

Photo SHCE 2010

Photo SHCE 2010

Charmentray est situé à mi-pente d’un vallon, le clocher étant de faible hauteur, l’église est peu visible du nord et de l’ouest de la plaine. Par contre elle domine la vallée de la Marne et surplombe directement le canal de l’Ourcq. Elle est incluse dans une propriété privée et semble prendre sous sa protection les deux bâtiments qui, curieusement, encadrent sa façade. Sur l’ancien plan, le bâtiment de droite est marqué comme étant l’école alors que celui de gauche est dit le presbytère. Il semble, étant donné la dénomination actuelle de chacune de ces deux maisons, que l’ancienne école est devenue le presbytère, puisqu’on la nomme ainsi, et que l’autre, dite le prieuré, a gardé le souvenir de son ancienne occupation et des moines de St. Faron. Toutes deux sont, depuis, habitations privées. Le prieuré est compris dans la propriété qui entoure l’église.

Le bâtiment n’est pas orienté comme le sont généralement les églises pour présenter le chœur en direction des lieux saints (est/ouest). Elle est nord-est/ sud-estcarte postale de l'église vers 1900

Passé une grille, posée à la fin du XXème siècle, on se trouve sous un profond auvent couvert au siècle dernier de zinc, soutenu par les murs des deux constructions qui l’encadrent. La présence à droite et à gauche de deux bancs de pierre insérés dans les murs en fait un « caquetoire » (porche sous lequel on peut causer) qui à l’origine n’était pas couvert.

L’église intérieure

Plan église de CharmentrayUne brève analyse du plan facilite la description de l’intérieur de l’édifice qui est constitué par un rectangle d’environ 24 m de long sur 16 m de large. Il est divisé en quatre travées, une nef centrale et deux bas-côtés. Dans le prolongement de la nef, séparée par un mur, se trouve la pièce basse du clocher. A la suite du bas-côté nord, une pièce servant d’accès au clocher et à la suite du bas-côté sud, une autre pièce servant de sacristie, fermée par une porte.

On pénètre dans l’édifice par l’unique porte. L’autel principal est en face au fond, adossé au mur du chœur. L’alignement, porte d’entrée et autel, n’est pas dans l’axe médian de la nef, mais décalé à droite en entrant.

Grosse cloche

Les cloches

Les trois cloches actuelles sont relativement récentes. Elles furent réalisées à la fin des années 1950 pour remplacer la grosse cloche. Celle-ci était fort ancienne puisque fondue en 1555. Elle était déjà fêlée à l’inventaire fait en 1906. Malheureusement une cloche qui ne peut plus sonner, si ancienne fut elle, même classée Monument Historiques (en 1942) n’est pas réparable et n’a vocation qu’à la fonte. Nous ne pouvons plus la revoir. Elle pesait environ 900 kg pour 113 cm. de diamètre. Fondue pour donner naissance aux nouvelles cloches, on a conservé le texte qui y était gravé en 1555. D’après sa photo, elle était ornée d’un cordon de fleurs de lys et d’une croix formée de rang de perles.

Les vitraux

Vitrail de la Vierge

Vitrail de la Vierge

 

L’église est éclairée par huit fenêtres en arc brisé garnies de vitraux. Ceux-ci sont de facture contemporaine, réalisées il y a une dizaine d’années.Tous les vitraux, y compris ceux de la sacristie, sont en grisaille dans les teintes ocre clair et rosé. Ils sont bordées d’un double liseré soit bleu, soit vert, entourant une bande de même tonalité, plus claire. Les plombs sont simplement losangés.

Plaque funéraire Courtier

Les plaques funéraires

Trois plaques funéraires en pierre sont scellées au mur de part et d’autre de la porte.

Les inscriptions sont restées très lisibles. Elles furent posées sur les murs et non au sol, étant donné qu’elles étaient destinées à rappeler des obligations de services religieux résultant de donations faites par actes notariés à la paroisse. Les défunts étaient au pied. Elles concernent des COURTIER, grande famille d’agriculteurs de la région meldoise.

 

La statue de Saint Symphorien

Statue de St Symphorien

Statue de St Symphorien

L’église renferme une curieuse statue de Saint Symphorien. Elle est curieuse de par la représentation du Saint. Il est revêtu d’une robe ecclésiastique qui tombe droite, comme un clerc d’église, ses cheveux bouclés, non tonsurés, ce qui est normal, encadrent un visage jeune, lèvres serrées, les paupières pieusement baissés. Ses deux mains sont rapprochées et devaient tenir initialement un objet dont la trace est marquée sur sa robe. C’était certainement la palme, commune à la représentation des martyrs.

La statue est en pierre, peinte en blanc, haute d’environ 1,3m. Sa facture est assez frustre. Elle date du XIVème siècle. On lui a ménagé une niche dans le mur du bas-côté nord-ouest, entre la troisième et la quatrième fenêtre, en entrant. Un trou cubique renfermait à coté un tronc pour les offrandes au saint. Cette statue est classée Monument historique depuis 1908.

Cette représentation du saint a toujours été vénérée. On invoquait, jusqu’à récemment, St. Symphorien contre la coqueluche. Les habitants de Charmentray se souviennent encore des rubans de couleurs, que l’on enroulait autour des mains et bras du saint pour conjuguer cette maladie.

(Extrait du livre « Les églises de l’ancien doyenné de Claye » édité par la SHCE.)