Vers 1910. (On aperçoit, sur cette carte postale, l’un des six becs de gaz de la Grande Rue, depuis nommée rue Jean Jaurès.)

Le 17 septembre 1865 se sont réunis à Claye-Souilly en la salle de la mairie, heure de midi, le Maire, assisté de Messieurs Jean-Baptiste Etienne BENARD et Philippe François LOBBÉ, tous deux membres du conseil municipal ainsi que M. JULIEN, Receveur de la dite commune, pour procéder à l’adjudication, par voie de soumissions cachetées, à la fourniture d’huile de pétrole nécessaire pour l’éclairage des réverbères de la commune.

La première trace d’éclairage public trouvée aux archives départementales remonte à ce procès verbal. Il y est dit que le soumissionnaire devra faire une offre au rabais sur la somme de quatre-vingt dix centimes le litre, pour la fourniture du pétrole pendant les trois derniers mois de l’année 1865 et les deux premiers de l’année 1866. Il est précisé que l’huile devra être de première qualité, bien épurée et conforme à l’échantillon que l’adjudicataire devra préalablement déposer.

Il y a cinq enveloppes cachetées, c’est M. Louis Jules NANSOT, marchand épicier qui a proposé le plus gros rabais de treize centimes par litre sur le prix proposé. Les autres soumissionnaires étaient également des épiciers de la commune.
Il n’est pas fait état de l’allumeur des dits réverbères, était-ce le garde champêtre où une autre personne ? Il est certain que le village à cette époque ne connaissait pas de cantonnier municipal, l’entretien des chemins communaux étant effectué par les cultivateurs, qui payaient ainsi l’impôt en nature, selon l’usage en campagne.Le 22 octobre 1867, une nouvelle adjudication est ouverte, mais, cette fois, il ne s’agit pas seulement de la fourniture du pétrole, mais aussi de l’éclairage des réverbères.

La recherche d’un allumeur de réverbères a dû poser des problèmes au sein du Conseil car le cahier des charges n’a été établi que le 20 septembre… pour débuter l’éclairage le 15 octobre.
Il est dit dans ce cahier des charges que l’éclairage public de la commune sera donné à bail pour les trois années qui commenceront le 15 octobre 1867 pour finir le 15 février 1868 et ainsi d’année en année jusqu’au 15 février 1870.
Le soumissionnaire devra fournir de l’huile de pétrole n°1 ne s’enflammant qu’au dessus de 30°. Déjà à cette époque des normes avaient été fixées pour la vente du pétrole qui ne devait pouvoir s’enflammer qu’au dessus de 25°.
Il devra également fournir les mèches et les verres, faire allumer bien exactement les dits réverbères, une demie heure avant le coucher du soleil et ce, dès le troisième jour de la pleine lune d’octobre, jusqu’au premier quartier de février. Les lampes devront être suffisamment garnies d’huile pour pouvoir s’éteindre après onze heures. Il est dit textuellement : « La moyenne des heures d’éclairage sera de six par soirées et par bec, pendant vingt soirées par mois, la lune suffisant les autres soirs ». L’entrepreneur devra également poser et déposer ces réverbères bien exactement pendant le cours de son bail, les entreposer ainsi que leurs cordages dans un local mis gratuitement à sa disposition par la commune. Ceci concerne les onze réverbères existants.

Les soumissionnaires se sont fait rares, la date du début de l’éclairage public est passée et dans le procès verbal dressé par le maire il est constaté que « la séance étant ouverte les personnes présentes sont restées muettes », c’est à dire se sont abstenus de toute soumission.
On imagine sans peine l’embarras du bureau des adjudications : les soumissionnaires se sont entendus pour ne pas faire monter les prix ! Réaction du bureau, il est indiqué plus loin au procès-verbal que ce dernier a décidé d’élever le chiffre de la mise à prix, sans autre dérogation aux charges. Il faut croire que le maire ne voulait plus que la commune assure elle-même l’allumage des réverbères, certainement par manque de personnel.
Alors, Antoine Gabriel FRISQUET, marchand chaudronnier a soumissionné la fourniture de pétrole pour les hivers 1867, 1868 et 1869 ainsi que l’entretien et l’allumage desdits réverbères.

On retrouve ensuite d’autres cahiers des charges et d’autres adjudicataires, ils sont tous de la commune. Les conditions sont généralement les mêmes. La durée de l’éclairage augmente dans le cahier des charges pour les années 1892-96. « L’éclairage aura lieu annuellement depuis le troisième jour de la pleine lune d’octobre jusque et non compris le premier jour du premier quartier de la lune de mars. » Si l’entrepreneur est imprévoyant et que les lampes s’éteignent avant l’heure indiquée, il lui sera retenu 50 centimes pour chaque lanterne en défaut. A noter que s’il oublie d’allumer, une retenue de 10 francs sera effectuée !
Il n’est plus fait état du nombre de réverbères. A noter qu’à cette époque le terme réverbère demeure, mais les lanternes publiques étaient d’un autre type (1). Le dimanche 21 août 1891 à 10 heures en la mairie de Claye-Souilly, M. Eugène GUICHARD, maire, entouré de MM. BRULFERT et PICAUD, conseillers ainsi que de M. le Receveur municipal, déclaraient adjudicataire, après un rabais de deux centimes huit millièmes (sic) de francs, MM. GAUDIN Joseph Eugène, jardinier et LANCEZEUX François, dit La Galette, manouvrier.
Ainsi ce ne sont plus des droguistes ou quincailliers qui soumissionnent, bien que les soumissionnaires aient obligation de fournir le pétrole.
Mais bientôt, très en avance sur la plupart des chefs lieux de canton et même de villes moyennes, apparaît le gaz d’éclairage.

Pour ce faire, et  après délibération du Conseil municipal et du maire, à l’époque Monsieur Pelletier (1901-1910),  la ville de Claye-Souilly fait appel le 13 juillet 1903  à la compagnie d’éclairage par l’acétylène située 45 rue Lafayette à Paris.

Le gaz d’éclairage qui est ici employé est l’acétylène obtenu par la réaction de l’eau sur le carbure de calcium. (C’est le chimiste BERTHELOT qui mit au point ce procédé en 1862) Quoique d’un prix de revient plus élevé, son pouvoir éclairant est supérieur à celui obtenu par la distillation de la houille, sa flamme est plus blanche et sa toxicité un peu moindre.

La construction de l’usine à gaz acétylène

Cette implantation a pour but de produire du gaz acétylène (C2H2), pour permettre l’éclairage public de la ville et pour l’usage des particuliers à titre privé (sur leur demande).

Un procès-verbal d’enquête publique est déposé à la mairie de Claye  le 6 août 1903. Le 20 août de la même année, le sous-préfet de Meaux  émet un avis favorable à cette requête.

La commission sanitaire pour les constructions de sites classés n°2 donne également un avis favorable le même jour.

Une  première usine à acétylène s’implante rue de l’Eglise.

A ce jour, cet édifice existe toujours dans le parc Buffon à l’angle de la Beuvronne et du pont, il s’agit de l’ancien local des sacs à vin.

Deux années plus tard, la ville de Paris refuse le passage du gazoduc sur le canal de l’Ourcq, il est alors envisagé de construire une nouvelle usine rue de Charny (à l’angle du cimetière). La demande de construction est faite le 27 novembre 1905 et accordée le 3 mars 1906.

La concession est passée entre M. le maire (M. PELLETIER) et l’administrateur de la Compagnie Urbaine  d’Eclairage par le Gaz Acétylène de Paris (M. MORMAND) le 5 juin 1905. Elle aura une durée de trente ans avec un privilège exclusif de « placer au -dessous et au-dessus du sol des rues, places et dépendances de la voie publique les canalisations et appareils nécessaires tant à l’éclairage public qu’à celui des bâtiments communaux ainsi qu’au chauffage et à l’éclairage des particuliers par le gaz acétylène ou tous autres procédés actuellement appliqués ». La liste des immeubles  sur lesquels ont été installés des réverbères figure dans un arrêté municipal datant du 12 septembre.

La répartition des réverbères est la suivante :

  • 6 dans la Grande rue
  •  5 dans la rue de Voisins
  •  1 rue de Chelles
  • 1 rue Berthe (rue Eugène Varlin)
  •  1 rue du Chemin de fer (rue du 8 mai)
  • A Souilly :  3 dans la Grande rue et 1 ruelle de l’école

 

L’éclairage à acétylène est un procédé ancien qui est  facile à mettre en œuvre. La flamme  rendue est très blanche et lumineuse. A noter que de nos jours, on trouve encore des lampes à acétylène  dans certains marchés. Le gaz acétylène est aujourd’hui remplacé par le butane. La mise en contact du carbure de calcium avec de l’eau permet la fabrication du gaz acétylène.

Le carbure de calcium (CaC2) se présente sous forme de pierre blanche légèrement grasse. On l’obtient par l’action de la chaux sur le charbon dans un four entre 2500 et 3000 °C.

Le travail dans l’usine consiste à faire tomber goutte à goutte de l’eau sur les pierres de carbure puis à récupérer le gaz dans un gazomètre. Le gaz  obtenu peut alors  être distribué aux clients.

Plan de l’usine de Claye :

 

 

 

 

 

 

Sources :

Documents archives départementales 5MP101 et 4OP118

Pierre DUBREUIL et Guy LEFEUVRE