Villevaudé se situe sur une butte arquée, le Massif de l’Aulnay, entre la plaine de France au nord et le plateau de Brie au sud, convoitée depuis longtemps par les carriers pour ses réserves de gypse. Le sol villevaudéen, comme celui de Paris, a été creusé dans différents endroits, au cours des siècles à ciel ouvert, ou en souterrain. On peut voir sur le plan d’Intendance de 1782 les carrières à ciel ouvert du lieu-dit « Le Trou Ladouce » à Montjay.

Les demandes d’autorisation d’ouverture de carrière, à partir du XIXème siècle, nous permettent de répertorier les carriers dans les trois hameaux qui constituent la commune de Villevaudé.

Les demandes d’autorisation d’ouverture de carrière, à partir du XIXème siècle, nous permettent de répertorier les carriers dans les trois hameaux qui constituent la commune de Villevaudé.

A l’entrée de Bordeaux, Louis Armand DUGENDRE, habitant à Lagny, a l’autorisation, en 1862, d’exploiter en souterrain au lieudit Sous le bois de Chaalis la carrière de pierre à plâtre à condition de se conformer aux lois en vigueur, entre autre : « l’exploitation ne pourra jamais être poussée à une distance moindre dix mètres des chemins à voitures, édifices et constructions quelconques notamment de la route de Bordeaux à Lagny et des bâtiments du Sieur Dodin et devra être arrêtée aussi à une distance de un mètre 50 des propriétés limitrophes ».

Cette carrière est certainement rachetée en 1886 par la famille LEPAIRE, car Jacques Amédée LEPAIRE possède à cette époque la carrière des Pétreaux, d’une superficie de 2,6 ha aux lieux-dits La Chapelle, La côte du bois de Châalis et Les Pétreaux. Cette exploitation comportait une unité de fabrication et des logements pour les ouvriers.

A Montjay-la-Tour, les carrières St. Marcel et le lieu-dit « Le dessus des carrières » étaient exploités depuis très longtemps. On trouve leurs traces dans le terrier de 1600 de la famille AGUENIN LE DUC, seigneurs de Villevaudé : le sieur de Bugnons possédait « quatre arpents trois quartiers neuf perches de terre près la Plastrière St Marcel par hault aux vignes de Montjay par bas a la voirye qui conduict de l’eglise a la granche soulz montjay… ».

Elles sont situées derrière l’église et se développent sous Montjay-la-Tour. Dans un Etat des lieux des carrières de l’arrondissement de Meaux de 1838, on trouve deux exploitants à St. Marcel, les sieurs PRIEUR et QUILLET . En 1848, un procès-verbal est dressé par le Garde-Mines contre le sieur QUILLET « pour avoir contrevenu au règlement en exploitant sans autorisation et en poussant ses travaux sous le chemin de Villevaudé à Montgé ». Mais, en 1850, Louis Joseph QUILLET obtient l’autorisation. La première masse est exploitée à ciel ouvert. Dès 1847, il fore un puits pour accéder à la deuxième masse, au lieu-dit St Marcel, à l’ouest du chemin de l’église. De ce puits, une galerie se dirige sous ce chemin et remonte en direction de l’actuelle rue Charles-de-Gaulle. Par la suite, l’exploitation souterraine des première et deuxième masses au lieu-dit « Le dessus des carrières » se continue à proximité de la rue Charles-de-Gaulle. Des galeries débordent sous cette rue, sur le lieudit Maurepas et traversent le chemin de la Mairie en plusieurs endroits.

En 1862, Pierre Roch CARRON obtient l’autorisation d’exploiter à ciel ouvert, 40 ares 48 centiares au lieu-dit Les carrières St-Marcel. Mais il est stipulé dans le décret : « Considérant que d’anciennes fouilles ont été approchées des propriétés limitrophes, de manière que les éboulements des faces de la carrière pourraient les atteindre, il convient de prescrire au pétitionnaire de porter du côté de ces faces les déblais des terres de recouvrement. »

En 1900, ces carrières sont acquises par la société Lepaire-Frères qui les exploite en souterrain et revend, beaucoup plus tard, le sol avec les terrains autour, à la famille MOUTONNET, maraîcher. L’exploitation cesse.

A Villevaudé, on peut lire dans un procès-verbal de visite de carrière : « Nous, soussigné Ingénieur des Mines, avons visité le 13 décembre 1890, les travaux de la carrière souterraine de gypse exploitée par MM. Letellier frères sur le territoire des communes de Claye-Souilly, d’Annet et de Villevaudé ; les entrées de la carrière se trouvent à environ 1700 mètres au sud du village de Claye et 1 kilomètre à l’est du chemin vicinal N°34 de Claye à Villevaudé. Deux bancs de gypse, la 1ère ou haute masse de 13 mètres et la 2ème masse d’environ 6 mètres sont exploitées par galeries souterraines… »

Les frères LETELLIER, fabricants de plâtre à Claye-Souilly, demandent en 1911 l’autorisation au conseil municipal de Villevaudé de passer sous deux chemins communaux, celui des Terres Jaunes et celui de la Mare Neuve. Leur exploitation sous le bois des Granges se prolonge sur 0,45 ha sous Villevaudé.

Une ancienne carrière reste encore en activité de nos jours, la carrière Lafarge. Elle s’ouvre dans la commune du Pin mais 95% de sa superficie se trouve sous le territoire de Villevaudé. L’exploitation s’étend sur environ 77 ha en souterrain et 41 ha à ciel ouvert.

Son exploitation démarre en 1902 à ciel ouvert avec les carriers REGNIER père, fils et gendre qui sont propriétaires des plâtrières sur les territoires de Le Pin et de Villevaudé.

En 1931, la SARL Delacourt (M.DELACOURT était maire du Pin) leur succède et exploite à ciel ouvert la première carrière de gypse située à l’entrée du site actuel. En 1954, la société Mussat et Binot achète les terrains Delacourt et, en droit de foretage, le gisement sous les terrains DELAIRE (lieudits Poitou, Mazarins et Vingt-Cinq arpents).

En 1960, l’extraction se fait en souterrain. Le plâtre est transporté dans les usines de Gagny, Romainville et Neuilly-Plaisance. En 1967, Mussat et Binot regroupe ses usines et prend le nom de G.R.M. (Gagny-Romainville-Mériel) qu’il garde jusqu’en 1981.

En1973, débute la construction de l’usine de Le Pin et en 1975, les Plâtrières de France prennent le contrôle de G.R.M. Les Plâtrières de France viennent de la fusion de plusieurs sociétés au cours des ans, société Gypses, Plâtres de France, Lafarge et Plâtrières du Vaucluse. En 1981, les sociétés Plâtrières de France et Prégyran-Rigips fusionnent et deviennent Plâtres LAFARGE. Elles exploitent toujours en galeries souterraines.

Notes

Jacques Amédée LEPAIRE (1828-1918), historien local auteur de plusieurs ouvrages, dont La Baronnie de Montjay-la-Tour, est issu d’une grande famille de carriers. Son arrière grand-père, Jacques LEPAIRE (1726-1780) est batelier et possède des plâtrières (fours à plâtre et conditionnement). Il habite à Lagny près de ses fours et acquiert plusieurs carrières à Thorigny et à Annet. Nicolas Louis Jacques LEPAIRE (1764-1835), grand père de Jacques Amédée développe considérablement l’entreprise de son père. Il construit de nouveaux fours à Lagny. Son fils, Pierre Achille LEPAIRE (1789-1864), le père de Jacques Amédée, améliore le mode d’exploitation des carrières souterraines en supprimant les puits pour remonter les matériaux. Il fait construire des galeries voûtées qui arrivent en pente douce jusqu’aux derniers bancs de la deuxième masse, l’enlèvement se faisant par tombereaux traînés par des chevaux. Il améliore le transport et supprime ainsi une cause d’accidents. Jacques Amédée, quant à lui, fait de nouvelles acquisitions et continue de moderniser sa société, il remplace les voies de circulation par des voies ferrées et les tombereaux par des wagonnets. Ses deux fils, la cinquième génération de carriers-plâtriers, créent la société Lepaire Frères qui cesse toute activité en 1937. [retour]

En 1833, Léon PAVIN de LAFARGE reprend l’activité familiale de 1749 de la seigneurie Lafarge, propriétaire des carrières de la montagne St-Victor qui domine le Rhône entre Theil et Viviers, site réputé depuis longtemps pour la qualité de sa pierre à chaux. Il modernise l’exploitation du gisement de pierre calcaire et s’associe avec son frère Edouard pour constituer la société Lafarge frères. En 1868, l’entreprise lance une importante innovation, la fabrication de « ciment de grappier », à partir des résidus formés par les surcuits de chaux. De père en fils, la société absorbe les autres usines de la vallée du Rhône. Jusqu’en 1914, la société des Chaux et des ciments de Lafarge du Teil se lance dans le rachat de sociétés de chaux et de ciment aux quatre coins de la France. En 1931, l’entreprise se diversifie dans le plâtre. Puis Lafarge poursuit ses acquisitions en métropole mais aussi en Europe et dans le monde.[retour]

Sources :

Archives départementales de Seine-et-Marne. Série 7S.
Archives communales Villevaudé et Le Pin.
Souterrains et Carrières de J.et P. Pallu.
Site Internet Lafarge.
Rapport BRGM du plan de prévention des risques.

collection SHCE
rédacteur : Monique MAZOYER