Maladie très ancienne, le choléra est une infection intestinale aiguë due à une bactérie, Vibrio choleræ, qui se transmet par voie directe fécale-orale ou par l’ingestion d’eau et d’aliments contaminés.
On retrouve sa trace en Grèce, Hippocrate désigne déjà la maladie que nous connaissons. Plusieurs pandémies eurent lieu au cours des siècles, nous nous intéresserons aux plus récentes dans notre région.
- Première pandémie (1817-1825) : partie de l’Asie, elle touche l’Afrique orientale et à partir de 1823, l’Asie Mineure et dans la foulée, la Russie, et l’Europe.
- Deuxième pandémie de choléra (1826-1841) : naît en Inde vers 1826 et affecte le reste du monde, en plusieurs vagues, jusqu’au milieu du XIXème siècle.
- Troisième pandémie (1846-1861) : l’épidémie partie de la Chine touche le Maghreb (en particulier l’Algérie) puis l’Europe.
- Quatrième pandémie (1863-1876) : elle touche l’Europe du Nord, la Belgique en 1866, puis la France, l’Afrique du Nord et l’Amérique du Sud.
- Cinquième pandémie (1883-1896) : l’épidémie diffuse à partir de l’Inde vers l’Est et l’Ouest sur plusieurs continents.
De nos jours, la maladie circule toujours en Asie et surtout en Afrique.
Arrivé dès 1831 en Grande-Bretagne et en Allemagne, le Choléra menace directement la France. Dès 1830, la Gazette Médicale de Paris écrivait « l’étude du choléra-morbus n’est plus une affaire de pure spéculation… cette effrayante maladie que l’on avait cru confinée pour jamais dans l’Asie, a trouvé le chemin de l’Europe septentrionale et frappe aux portes de l’Europe Occidentale ».
Il n’allait pas attendre poliment qu’on lui ouvre la porte ; le choléra déferla au cours de l’année 1832, dans pratiquement toute la France.
Le 26 mars 1832, début de l’épidémie à Paris qui ravage les habitants avec une effroyable rapidité. Le 10 avril, elle a déjà atteint son maximum de 848 décès par jour, pour ne s’éteindre qu’en octobre après avoir moissonné 18 402 victimes. En France la maladie va faire 100 000 morts.
Aucun traitement n’ayant été trouvé, l’Académie royale de médecine préconise divers remèdes, tels que des infusions de fleurs de guimauve ou encore des bains de jambes. Aucun, évidemment, n’ayant un quelconque effet sur la maladie ni sa progression. La population entière est touchée, sans distinction de classe. D’abord les plus pauvres, vivant dans des conditions d’hygiène déplorables, mais aussi les plus aisés. Casimir Périer lui-même, alors Président du Conseil (c’est-à-dire le chef du gouvernement) et ministre de l’intérieur de Louis-Philippe, qui rendit visite aux malades contaminés de l’Hôtel-Dieu au début de l’épidémie, en compagnie du duc d’Orléans, le fils du roi, décèdera du choléra, le 16 mai 1832, après plusieurs semaines d’atroces souffrances.
En 1849, Paris est à nouveau en proie au choléra du printemps à l’automne comme en 1832. Le nombre des victimes ne différa guère non plus de celui de la première invasion, car sur une population devenue plus forte (995 504 habitants) elle cause 19 069 décès.
Enfin le choléra est revenu à Paris en 1854 et en 1865. Dans ces deux invasions, il a sévi avec moins d’intensité que précédemment. En 1873, 1884-85 et 1892-94, on en signale encore plusieurs cas à Paris et dans la région mais ce sont des cas isolés, et les populations commencent à savoir se protéger de la transmission de la maladie.
Dans notre canton :
Pour cette maladie dans notre canton, nous trouvons aux archives beaucoup de documents la concernant. À Claye, Emile Guichard* parle de ses passages au cours du XIXème siècle.
*Emile Guichard (1874-1954), avocat, fils d’Eugène Guichard, maire de Claye-Souilly de 1886 à 1901, extrait d’ un article du Journal Paroissiale « Ici Claye ».
En 1832, Claye et Souilly sont deux communes distinctes, la maladie arrive fin mars comme à Paris, elles vont payer un lourd tribut au nouveau fléau.
Alors que les registres d’état civil de 1831 ne comportent que 18 décès, nous en trouvons 52 en 1832, à Souilly 4 décès en 1831 et 18 en 1832. Sur les deux communes, 25 personnes vont périr du choléra en quelques semaines.
La municipalité avait loué une maison isolée située route de Chelles appartenant au Sieur Charles Aubry pour servir d’hôpital temporaire, spécialement réservé aux cholériques. Le quartier le plus éprouvé fut celui de Voisins, sans doute dû au voisinage des marais de la Beuvronne.
À Annet la plus grave épidémie est aussi celle de 1832, il y a, entre le 15 avril et le 15 octobre, 45 personnes de contaminées et 13 vont en mourir, la maladie est arrivée par des voyageurs venant de Paris. En 1849, il y a encore des victimes, mais sans commune mesure avec 1832.
Les autres épidémies seront moins importantes, mais feront quand même un nombre important de victimes.
Contamination dans l’ancien canton de Claye en 1832:
Sources :
Archives de Seine et Marne réf: M11 096.
Archives de la commune d’Annet/Marne.
GALLICA Bibliothèque Nationale.
Wikipédia.
Archives Figarovox.
Norbert Tabesse