Sous l’ancien Régime, Nantouillet était une cure régulière dépendante, comme Saint-Mesmes, de Saint-Martin-aux-Bois (Oise) dont le collateur était le Lycée Louis-le-Grand, les curés nommés ont souvent été des Prémontrés de l’abbaye de Chambrefontaine à Cuisy, village tout proche.

Elle faisait partie de l’archidiaconé de France, doyenné de Claye.

De 1808 à 1864, la paroisse de Saint-Mesmes lui a été rattachée.

Statue de St Denis

Statue de St Denis

Maintenant elle fait toujours partie du diocèse de Meaux, vicariat nord : pôle de Dammartin en Goële, comme Compans, Le Plessis-aux- Bois et Iverny.

Saint Denis est le patron de la paroisse.

L’église a été construite de 1561 à 1564. Le commanditaire était Antoine V Duprat, petit-fils du cardinal, chancelier Antoine III Duprat. Il l’a fait bâtir en souvenir de son père Antoine IV, initiateur de la construction. Les habitants de Nantouillet ont également participé.

Elle est située à l’entrée du village, en venant de Saint-Mesmes, en face de l’ancienne école, là où la Grand Rue est au plus bas, avant de remonter vers le château. C’est en arrivant par ce dernier que vous apercevrez le mieux sa façade ; le côté nord est le long de la rue de la Fontaine ; les deux autres sont enclavés dans des propriétés privées avec, au sud, l’ancienne cure-prieuré du XVIIème siècle.

La façade est divisée en trois parties : la nef au centre, en pignon, et les deux bas-côtés, en appentis ;

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Portail en plein cintre

Nous pénétrons dans l’église par un portail en plein cintre, à double battant, dont le côté droit est clouté de trèfles, armes de la famille Duprat. Une petite statue de saint Denis, portant sa tête, est sculptée en haut du montant central. Il est encadré, de chaque côté, par deux colonnes surmontées de chapiteaux corinthiens, soutenant un entablement sur lequel est posé le tympan Renaissance, sculpté en 1561, par Pierre Bontemps.

Le cadran solaire a, certainement, été ajouté tardivement, car il cache la partie basse d’un cadre ovale, surmonté d’une tête d’angelot, et entouré d’un cartouche.

C’est un bâtiment rectangulaire, orienté est/ouest, de cinq travées (trois pour la nef et deux pour le chœur) terminé par un chevet en demi-cercle, (en parti caché à sa base par une sacristie du XVII° siècle, remaniée en 1785), couvert d’ardoises ; chevet qui, vu de l’extérieur, a une certaine ressemblance avec la chapelle du château.

On pénètre dans le sanctuaire par un tambour de bois. Il est vraisemblablement très postérieur à l’ensemble de la construction. L’ordonnance actuelle de l’église remonte aux dernières années de l’ancien Régime. Une plaque de marbre noir, posée à l’intérieur du mur ouest, porte la date des différentes modifications et aménagements effectuées par le dernier curé, le chanoine Bizet, peu avant son émigration en Angleterre.

Le vaisseau, partagé en trois parties, est voûté d’arêtes d’une sobre élégance : une nef centrale et deux bas-côtés.

La voûte tripartite est à la fois supportée et délimitée par des piliers, en pierre de taille, à base carrée, garnie de moulures, de deux pieds et demi (81,20 cm) de côté; sauf le premier pilier de droite qui est plus large, car supportant le clocher. Les arcades, entre les piliers sont de plein cintre. Les piliers du chœur sont recouverts de boiserie à mi-hauteur. Ils donnent à l’ensemble une impression de force tout en gardant un air gracieux.

 

La chaire

La chaire

À mi-chemin entre le tambour d’entrée et l’accès au chœur, la chaire est située à gauche et, à droite, lui faisant face, un grand crucifix est accroché sur le pilier. Sous ce dernier, devrait se trouver le banc d’œuvre.

La chaire, du XVIIème siècle, en bois de chêne, comporte quatre panneaux sculptés sur lesquels on distingue saint Denis,   saint Jean-Baptiste, saint Jean tenant une coupe avec l’aigle à ses pieds et saint Roch, avec son chien, lui apportant du pain, soutenu par l’ange au moment de sa mort

Un bel escalier à balustre, s’enroulant autour du pilier, permet d’y accéder.

Entre les deux  rangées de bancs, une allée de tomettes rouges conduit au chœur, dallé de carreaux noirs blancs.

Sur les deux piliers, à base carrée, qui en marquent l’entrée, des panneaux de bois plus clair, de facture récente, portent des effigies de saints : saint Joseph et saint François d’Assise.

Une marche, sur toute la largeur de l’église, marque la séparation avec la nef.

De chaque côté, entre deux piliers, le chœur est fermé par des stalles (1785), qui viennent en retour sur l’entrée ; les grilles basses, installées également en 1785 au dessus des stalles, toujours en place il y a encore 50 ans, sont aujourd’hui disparues.

Ensuite, de chaque côté, sur l’autre face des piliers et se faisant face un banc clos termine le chœur : peut être était-ce l’emplacement du banc d’œuvre ?

Après avoir franchi deux marches et la table de communion en fer forgé, nous entrons dans le sanctuaire, dallé de carreaux : triangles noirs et hexagones blancs. Au fond, posé sur ses trois degrés en marbre rose, l’autel de même (décembre 1784), en forme de tombeau galbé, domine le lieu. La porte du tabernacle, comme à Villeroy et Charny, est ornée de l’agneau mystique au-dessus duquel jaillissent du soleil ou de l’eucharistie des rais de lumière, il est couché sur le livre des sept sceaux de l’apocalypse porté par une nuée.

Une immense Gloire (1785), obstruant un vitrail muré, écrase l’ensemble : quatre angelots chantent pour la plus grande gloire de Dieu au milieu d’une nuée d’où s’échappe les rayons dorés d’un soleil portant en son centre un triangle représentant la Trinité avec en hébreu l’inscription I.N.R.I.

Jusqu’à mi-hauteur, le mur est couvert d’une boiserie (1785).

Derrière l’autel, s’ouvre la porte de la sacristie, bardée de fer, avec sa belle serrure. A l’intérieur, à droite une autre porte, style Renaissance, conduit à un deuxième local où se trouve une piscine.

Les fonts baptismaux installés en 1780 mais datant de 1677 [d’après les monuments historiques], occupent, en entrant à gauche, dans l’angle formé par la Grand rue et la rue de la Fontaine un espace surélevé d’une marche, délimité par des grilles à hauteur d’appui. C’est une belle cuve de marbre gris, posée sur un piédestal de même et fermé par un couvercle. Au-dessus, sur le mur, est accroché un grand tableau représentant le baptême du Christ.

Au milieu du bas-côté nord, se trouve le confessionnal, bien conservé, et au fond la chapelle consacrée à saint Denis : l’autel (1793), en marbre rose comme le maître-autel, est surmonté d’un tableau peint à l’huile appelée « le retable du chanoine Le Paige ».

Tout le mur est couvert de boiserie à mi-hauteur (1787), et le sol dallé de tommettes de terre cuite.

Situé au milieu du bas-côté sud, un second tambour de bois, cache une porte (maintenant murée) donnant dans la cour du prieuré-cure du XVIIème siècle, permettant au prêtre d’entrer directement dans l’église. Cet ensemble prieuré-église, composait une sorte de cité paroissiale, rarement vue dans nos villages.

Au fond, la chapelle de la Vierge, avec son autel également en marbre rose, sa belle statue et son bas relief de pierre représentant la guérison de la fille de la Cananéenne. C’était sous un des vitraux que se trouvait le tombeau d’Antoine IV Duprat. Le mur est également couvert de boiserie (1787) et dallé comme celui du nord.

De nombreuses pierres tombales et plaques subsistent, encore posées sur le sol ou encastrées dans les murs, certaines provenant de l’ancienne église, sans parler de la marche séparant la nef du chœur, qui est un remploi. Les marguilliers étaient inhumés gratuitement suivant la coutume du lieu.

Entre 1619 et la Révolution, il y eut 117 inhumations dans l’église, dont 26 en 1652.

Dans son « Histoire de Meaux et du pays meldois » Antoine-Etienne Caro écrit qu’à Nantouillet s’élevait le cénotaphe du Cardinal, il le décrit ainsi : il était orné de quatre statues de vertus et de sa propre statue en orant comme à Sens. A la Révolution « tout cela a été jeté dehors : les quatre vertus sont restées longtemps couchées près de l’église dans la rue ; quelque bâtisseur inconnu en a enlevé deux une nuit ; les deux qui restaient étaient décapitées et informes. Quant à la statue du chancelier, les habitants du lieu ont trouvé un assez singulier moyen de l’utiliser, ils ont creusé une large rainure le long de son dos, et elle sert maintenant de conduit au lavoir public du village. »

La description faite par Caro mentionne vraisemblablement les quatre termes et le transi du tombeau d’Antoine IV, le fils du cardinal et de ce qu’il en est advenu à la Révolution. Il n’y a pas eu à Nantouillet de tombeau pour le cardinal, bâtisseur du château, son fils étant l’initiateur de la construction de l’église réalisée par son fils Antoine V.

Les peintures

Le Baptême du Christ :

Dans l’enclos des fonts baptismaux est pendue une grande peinture (2,10 m par 1,45 m) qui obstrue une partie du vitrail   : «  le Baptême du Christ » Œuvre originale, très académique et un peu froide. Elle date du 2ème quart du XVIIIème siècle et a été peinte par Antoine-Marie Capet, élève du célèbre Restout, né et mort à Paris (1743-1834). Prix de Rome, il fut successivement professeur de dessin à l’académie royale de Juilly et directeur de l’école de dessin fondée par le prince de Condé dans son château de Chantilly.

La Sainte famille :

Œuvre du même peintre, d’après Raphael, elle est située dans le bas-côté sud.

Tableau du chanoine Lepaige

Tableau du chanoine Lepaige

Le retable du chanoine Lepaige :

Placé au-dessus de l’autel consacré au saint patron de la paroisse, cette peinture représente, au centre, saint Denis, portant sa tête, en vêtements sacerdotaux avec le pallium, et, à droite, agenouillé, le donateur, le chanoine Jean Le Paige. Une inscription en latin en bas à droite : « FR JO LE PAIGE S.T. DOCTOR ET PRAEMONSTRATENCIS ECC. CANOCICUS » ce qui veut dire « Frère Jean Le Paige docteur en théologie et chanoine de l’église de Prémontré » pourrait laisser supposer qu’il serait l’auteur de ce tableau ?

En bas à gauche ses armes : d’azur avec un chevron de gueules et trois coqs de même placés 2 et 1, et sa devise : « VIRTUTI VIGLIA » : « veille à la vertu ».

Bien que ce tableau soit quelque peu abîmé, les traits du donateur sont encore visibles.

L’Annonciation :

Les monuments historiques mentionnent une fresque], en mauvais état, du XVIème siècle : l’Annonciation. Elle est coupée en deux de part et d’autre du bas relief, au-dessus de l’autel de la Vierge ; à droite, il est encore possible de voir Marie agenouillée,

Les statues :

Dans le sanctuaire, au-dessus des boiseries trois statues du XVème siècle :

Saint Denis, portant sa tête dans ses mains, revêtu d’une chasuble gothique rouge, couleur des martyrs ; Sainte Marthe avec à ses pieds la Tarasque plutôt que sainte Marguerite qui est représentée avec des perles et un crucifix, les deux saintes ayant partagé le dragon  dans la Vaucluse; Saint Roch avec son chien.

Au-dessus de l’autel de la Vierge, devant le vitrail : une Vierge à l’enfant du XVIème siècle (2 m de haut), en pierre.

 La Cloche :

Une cloche, de bronze,   de 113 cm de diamètre est encore dans le clocher sur laquelle sont moulées des lettres gothiques en minuscule. Plusieurs écrits datent cette cloche de 1575, alors que l’inscription indique 1559. Les ornements sont presque indéchiffrables, il est possible néanmoins d’y voir  : 6 anses carrées ornées d’un feuillage ou rang de perles, cordon supérieur de fleur de lis et dix médaillons parmi lesquels : un Crucifix avec la Vierge et saint Jean sur un piédestal de fleurs de lis – les armes de France –de petits rectangles contenant un personnage – et l’écu des Duprat :de trois trèfles, posés deux et un, et fasce de sable.

Les vitraux :

L’église est très claire car n’ayant pas de vitraux imagés. Seul les deux du sanctuaire encore existants, de facture moderne, ont quelques couleurs bleutées au sud et jaunes au nord. Elle comporte de nombreuses fenêtres de verre clair entourées d’un liseré de verre de couleur.

 

 (Extrait du livre « Les églises de l’ancien doyenné de Claye » édité par la SHCE.)