Pierre-François Percy est né le 28 octobre 1754 à Montagney en Franche-Comté. Fils de chirurgien, le jeune Pierre-François étudie à Besançon puis à Paris. Il est reçu docteur en médecine à 20 ans. Le 20 juin 1776, il entre dans la gendarmerie de Lunéville comme aide-chirurgien, il y reste cinq ans et y apprend l’art vétérinaire. Puis en 1782, il entre avec le grade de chirurgien-major dans le régiment de Berry-cavalerie. En 1784, il obtient le premier prix de l’Académie de chirurgie grâce à une étude sur les bistouris.
Lorsque les guerres de la Révolution ont commencé, en 1792, il se trouve par sa position à la tête du service de santé : d’abord chirurgien à l’armée du Nord, le 1er juin 1792, puis successivement , chirurgien en chef à l’armée de la Moselle, le 15 Germinal An 3, à l’hôpital du Val de Grâce, le 7 brumaire An 4, à l’armée du Rhin et Moselle, le 10 Floréal an 4, à l’armée d’Allemagne, le 24 Vendémiaire an 6, à l’armée d’Angleterre, le 28 Pluviose An 6, à l’armée de Mayenne, le 12 Brumaire An 7 et à l’armée du Rhin le 27 Nivose An 8.
Le 1er Prairial An 10 (21 mai 1802), Percy est chirurgien inspecteur des hôpitaux de l’Intérieur.
Percy approche cependant de la cinquantaine sans que la vie absorbante qu’il mène lui ait jusqu’alors permis de songer à se créer un intérieur. Le 12 Prairial an 10 (1er juin 1802), il épouse Mlle Rosalie Claudine Wolff. Les lettres de Percy abondent en témoignages de l’amour qu’il porte à la compagne de sa vie. C’est aussi à cette époque qu’il achète sa maison de campagne à Bordeaux en Seine-et-Marne. Il est heureux à chaque retour de campagne de retrouver son « Petit-Bordeaux », comme il aime l’appeler et mentionne dans sa correspondance :
« De ma Petite Campagne dite de Bordeaux, route de Lagny, département de Seine et Marne. » Il est heureux quand il contemple ses champs, ses vignes, ses arbres, ses chevaux, ses vaches et sa basse-cour. « Suivi de son chien Brillant, il se promène dans les allées de son jardin ou travaille de ses propres mains à l’embellissement d’une demeure que lui rend particulièrement chère la pensée qu’elle est le fruit de ses labeurs. Sa bonté le fait promptement aimer des habitants du petit village de Montjay : sa femme et lui président à leurs divertissements et le jour de sa fête, des salves d’artillerie sont tirées en son honneur. »*
On lit dans le Moniteur Universel du 28 nivôse an 12 (19 janvier 1804), un arrêté signé Bonaparte : « Les citoyens HEURTELOUP, membre du conseil de santé ; PERCY, chirurgien en chef d’armée ; LARREY, chirurgien en chef de la garde des consuls ; COSTE, médecin en chef de l’armée des côtes ; DESGENETTES, médecin du Val-de-Grâce et PARMENTIER, pharmacien en chef de l’armée des côtes, sont nommés inspecteurs généraux du service de santé… »
Percy entre dans la Grande Armée comme chirurgien en chef inspecteur Général, le 1er Pluviôse An 12.
On trouve Pierre-François Percy à Austerlitz (2 décembre 1805), à Iéna (14 octobre 1806), à Eylau (8 février 1807) où il est immortalisé dans le tableau de Gros, soutenant un blessé.
Après la bataille d’Eylau, Percy qui se trouve à Dantzig, en mai 1807, apprend que le 12 de ce mois, sa majesté l’a nommé « commandant de la Légion d’honneur » et que le 5 du même mois, il a été nommé à l’Institut avec 36 voix contre 19 pour CORVISART, le premier médecin de l’Empereur.
Il est fait baron de l’Empire après Wagram (6-07-1809) au cours de la deuxième campagne du Danube. A partir de 1809, pendant les dernières guerres de l’Empire, le baron Percy, souffrant d’ophtalmie et empêché par son âge de suivre la Grande Armée, se consacre à l’enseignement à la faculté de Médecine de Paris.
Lors de la Première Restauration, tout se passe bien, le chirurgien connaissant les œuvres d’Horace mieux que Louis XVIII dont c’est le livre de chevet. Lors des Cent-jours, Percy reprend du service dans la Grande Armée, on le trouve à Waterloo. Au second retour des Bourbons, il est mis à la retraite. Il aura beau protester auprès du Ministère de la guerre, ses demandes seront repoussées et on peut lire dans la marge des lettres : « Refusé à cause de sa conduite pendant l’usurpation ». Ecrivant le 10 janvier 1816, au secrétaire d’Etat ayant le Département de la guerre, il se nomme : « Baron Percy, commandant de la Légion d’honneur, ci-devant l’un des Inspecteurs généraux du Service de Santé, mis à la retraite comme Sexagénaire ».
Pierre-François Percy qui habite Paris, 10 rue des 3 Pavillons dans le 8ème arrondissement, se retire dans sa maison de campagne de Bordeaux. Il se livre tout entier à l’agriculture et fait faire beaucoup d’essais dont il rend compte à la société d’agriculture de Paris, ne pratiquant plus la chirurgie que sur les pauvres des environs qui le regrettent vivement. On trouve dans le dictionnaire topographique des environs de Paris de 1817 : « Dans le hameau de Bordeaux il existe une maison de campagne qui représente une solitude charmante, tant par sa position que par les coteaux en amphithéâtre qui l’environnent. M. le baron de Percy qui en est propriétaire y entretient un troupeau de moutons qu’il a fait venir d’Espagne. »
Percy meurt en 1825. Il est inhumé au Père-Lachaise (18ème division).
Mme Percy l’a entouré dans sa vieillesse de soins touchants. Fidèle à sa mémoire, on peut souvent la voir rester en contemplation devant la toile du « champ de bataille d’Eylau » où la figure du chirurgien de la Grande Armée se détache au premier plan. Née à Belleville (Seine), Mme Percy meurt le 25 décembre 1840 à Bordeaux (Seine et Marne).
La commune de Villevaudé qui possède son acte de décès se souvient de ses bienfaits. Par testament olographe du 12 octobre 1833, elle lègue la somme de 10.000 francs pour les pauvres. C’est Mme Percy qui est à l’origine du bureau de bienfaisance de Villevaudé, le CCAS actuel. Dans les actes d’Etat Civil à l’année 1829, on peut lire : « L’Horloge a commencé à sonner l’heure, le premier octobre 1829 à 7 heures du soir. Elle a été donnée à la commune de Villevaudé par Madame La Baronne De Percy, de Bordeaux. » Il s’agit très certainement de l’horloge de l’église, évènement très important pour l’époque puisque personne n’avait l’heure précise!
Leur neveu, le docteur Laurent fait paraître en janvier 1827, une « Histoire de la vie et des ouvrages de P-F Percy« , composée sur les manuscrits originaux. Les archives municipales possèdent l’acte de mariage, daté du 7 novembre 1816, de Charles Nicolas Laurent, chirurgien-major des gardes du Roi , compagnie de Noailles, domicilié au hameau de Bordeaux chez M. le baron Percy avec Anne Agathe La Roche, veuve de Paul Klenck, fille de Claude Louise Percy, veuve de La Roche. Mariés à Villevaudé par le maire Bajot de Conantre, ils ont entre autres, comme témoins, pour le marié,
« Philippe Alexandre Sanson, docteur en médecine de la faculté de Paris, âgé de vingt-trois ans, domicilié à Montjay et pour la mariée, Pierre François Percy, Baron, commandeur de l’ordre royal de la légion d’honneur, chevalier de l’ordre de Ste Anne de Russie, de l’aigle rouge de Prusse et de l’ordre de mérite de Bavière, professeur de l’école de médecine de Paris, membre de l’académie des sciences, ancien inspecteur général du service de santé des armées françaises, âgé de soixante-deux ans, domicilié à Bordeaux, oncle maternel de la mariée ».
Napoléon n’a pas oublié Percy dans son très long testament, il lui lègue 50 000 francs.
Le nom de Percy est inscrit sur l’Arc de Triomphe par contre l’Histoire l’oubliera, seul le nom de Larrey est inscrit dans les manuels scolaires. Pourtant Percy nous laisse le souvenir d’un homme exceptionnel, au niveau connaissances, il a fourni de nombreux articles à beaucoup de recueils scientifiques, pour le « Grand Dictionnaire des sciences médicales », sur ses recherches visant à perfectionner les instruments et les techniques chirurgicales, au niveau humanitaire, il a été l’un des premiers à donner l’exemple du dévouement et du courage pour braver les combats et y recueillir et panser les blessés, il a été d’ailleurs blessé trois fois sur le champ de bataille.
L’Hôpital d’instruction des armées de Clamart porte son nom.
Les médecins militaires lui ont rendu hommage puisque la devise des Santards gravée dans le marbre du hall de l’Ecole de Santé est signée de Percy.
Sources :
– * Extrait du « Journal des campagnes du Baron Percy » Edition Tallandier.
- « La Grande Armée » de Georges Blond. Edition Laffont.
- Archives militaires château de Vincennes. (microfilms Yh245)
- Archives municipales Villevaudé.
Monique MAZOYER